Voilà la septième partie. L'action avance... Je pense que maintenant, tout le monde sait où je vais en venir !
Bonne lecture !

Mon fils, mon sauveur (7/?)


Une gigantesque fenêtre ouvrant sur un décor de pics rocheux enneigés, un petit garçon perché sur un luxueux fauteuil en cuir, devant un énorme bureau, les doigts posés sur un clavier d’ordinateur, et puis un appel, comme étouffé, « papa, à l’aide ! »…

Clark se réveilla en sursaut. Cet enfant, dans son rêve, il le connaissait, il en était sûr. Et ce dont il était tout aussi sûr, c’est qu’il ne l’avait jamais vu auparavant. Il secoua la tête pour se clarifier les idées : voilà une pensée, estima-t-il, qui n’avait guère de sens. Et pourtant…
Il fallait qu’il en ait le cœur net. Il décida de fixer le visage de cet enfant pendant qu’il s’en souvenait encore. A supervitesse, il en exécuta un croquis. En scrutant ce visage, sa conviction se renforça. Qui était cet enfant ? Etait-il possible qu’il fût son fils ?

Clark se précipita dans son bureau pour y prendre un album de photos de sa petite enfance que Martha avait un jour apporté de Smallville pour le montrer à Lois. En l’ouvrant, il ne put s’empêcher de se rappeler de cette soirée-là, sa mère et sa femme s’extasiant ou riant franchement sur certains clichés, tandis qu’il était allé cacher son embarrassement en s’affairant dans la cuisine… Il tomba rapidement sur une photo de lui âgé d’environ 4 ans, assis devant la table de la cuisine de la ferme, occupé à dessiner. La pose était quasiment la même, et la ressemblance était flagrante, même si l’enfant n’était pas exactement lui.

Clark respira profondément. Etait-ce son esprit endeuillé qui lui jouait des tours ? Ou son fils l’appelait-il réellement au secours ? Sa raison lui disait d’abandonner ces rêves fous, et qu’il ne réussirait pas autre chose que de se torturer, encore et encore. Mais son instinct lui hurlait pourtant qu’il devait enquêter, et retrouver sa femme et son fils qui l’attendaient et qui comptaient sur lui.

Il ne lui fallut qu’un instant pour se décider : s’il restait le moindre espoir, aussi mince fût-il, que Lois fût encore en vie, il le saisirait, et mourrait plutôt en la cherchant que de laisser s’éteindre cet espoir.

Il lui fallait un plan. D’abord, il allait déjeuner. Ensuite, il prendrait un rendez-vous avec le médecin que Lois avait vu quelques jours avant sa disparition. Peut-être savait-elle quelque chose sur une éventuelle grossesse ? Lois avait été très fatiguée, les derniers jours, et il se souvenait très bien d’avoir insisté pour qu’elle consulte. Cela lui avait même valu un exemple particulièrement significatif du fameux tempérament Lane. Le souvenir l’amusa. Lois détestait vraiment les médecins. Mais il avait eu gain de cause, même s’il avait au passage essuyé quelques noms d’oiseaux.

Deux heures plus tard, après un bref passage au Planet et le sauvetage in extremis d’un chaton suicidaire, il attendait patiemment son tour dans la salle d’attente du docteur Glenn, en se demandant comment il allait mener l’entretien. Rapidement, Le docteur Glenn l’invita à entrer. Ils se saluèrent. Clark, sur son invitation, prit place devant le grand bureau du praticien qui l’interrogea aimablement :

- Clark, qu’est ce qui vous amène ? C’est bien rare de vous voir ici.

- En effet, docteur. Je ne suis quasiment jamais malade. En fait, je viens vous interroger à propos de ma femme.

- Votre femme ? Je ne savais pas que vous étiez remarié avec l’une de mes patientes…

- Non, non, docteur. Je voulais vous parler de Lois.

- Lois ? Mais elle est morte depuis 5 ans !

- Elle a disparu, docteur… Mais personne n’a trouvé de corps.

- C’est vrai, veuillez m’excuser. Et bien, que voulez-vous que je vous dise ?

Un silence s’installa. Le docteur Glenn regarda avec compassion le jeune veuf se débattre avec ses émotions, tandis qu’elle attendait qu’il l’interroge. Elle-même se sentit soudain sur la défensive. Elle n’avait pas tout dit, cinq ans auparavant. Elle avait caché à l’homme qui lui faisait face que Lois était enceinte, ne voulant pas lui imposer un deuil supplémentaire. Elle savait combien le couple voulait des enfants, et à quel point cette grossesse était miraculeuse, et elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Que devait-elle faire désormais, si Clark lui posait certaines questions ? Il n’était pas question de mentir. Mais alors, comment expliquer son silence ? Et comment adoucir le choc ? Visiblement, il ne s’était toujours pas remis de la mort de sa femme.

C’est alors que Clark interrompit le cours de ses pensées, ayant finalement décidé qu’une approche directe était sans doute la meilleure solution :

- Vous allez sans doute trouver ma question bien étrange, mais Lois n’était-elle pas enceinte, quand elle vous a consultée, il y a 5 ans ?

Interloquée, le docteur Glenn ne sut quoi répondre et fixa son interlocuteur avec stupeur.

- Je vous en prie, docteur, répondez-moi ! Si ce que je crois est vrai, alors je comprends votre silence. Je n’ai pas l’intention de vous poursuivre, ou de vous blâmer pour quoi que ce soit. J’ai juste cette curieuse impression dont je ne peux me défaire, et j’ai besoin de savoir si je deviens fou !

- Et bien, oui, commença le médecin. Lois était enceinte d’environ 10 semaines lorsque je l’ai vue, et j’avais rendez-vous avec elle pour le lui annoncer le jour de sa disparition…

- Mon dieu ! l’interrompit Clark. J’avais raison ! C’est lui ! c’est elle ! Merci docteur, bredouilla-t-il enfin avant de prendre congé en laissant derrière lui un médecin plus stupéfait que jamais.

Clark ne perdit pas de temps pour se rendre au Planet. L’allée la plus proche du cabinet du docteur Glenn résonnait encore d’un boum supersonique qu’il était déjà devant son bureau, à héler Jimmy pour que celui-ci fasse pour lui des recherches.

- Clark ? Tu vas bien ? lui demanda Jimmy, assez stupéfait de voir son ami d’ordinaire si calme dans un tel état d’excitation.

- Oui, rassure-toi. Mais j’ai vraiment besoin que tu fasses fonctionner ta magie pour me dénicher toutes les propriétés acquises par Luthor ou n’importe laquelle des filiales rattachées de près ou de loin à son nom.

- Luthor ? mais qu’est-ce que tu racontes ? L’homme est mort depuis des années !

- Oui, et on le croyait mort aussi quand il a plongé du haut de son building juste après sa tentative de mariage avec Lois !

- CK, tu débloques, là ! Je t’assure…

Clark poussa un soupir. Au départ, il avait espéré rester le plus vague possible avec Jimmy, sentant que celui-ci serait septique. Mais manifestement, Jimmy allait lui demander des comptes, et il ne se voyait pas lui mentir. Aussi Clark décida-t-il de jouer carte sur table et entraîna son ami dans une salle de conférence pour avoir avec lui une conversation privée. Il prit soin de fermer les persiennes avant de faire face à son ami.

- Jimmy, commença-t-il, j’ai une chose à te dire, et une chose à t’avouer. D’abord, sache que je viens d’apprendre que Lois était enceinte au moment de sa disparition.

- Enceinte ? Mais je croyais que vous ne pouviez pas avoir d’enfants ?

- C’est aussi ce que nous croyions. Mais apparemment, nous avions tort.

- Tu crois que Lois…

Clark, comprenant où son ami voulait en venir, l’interrompit aussitôt.

- Non, Jimmy. Si Lois était enceinte, cet enfant était bien de moi. Je n’ai pas le moindre doute à ce sujet. Ne me demande pas de t’expliquer pourquoi, ni comment, mais la confiance que nous avions l’un en l’autre est absolue.

- D’accord, CK. Je ne voulais pas te blesser.

- Je le sais, Jim. Pour l’autre chose, prépare-toi peut-être à un choc. Mais d’abord, promets-moi que tu ne révéleras à personne ce que je vais te dire. Seuls trois personnes sont au courant : mes parents, et Lois. Et je crois que Perry le sait aussi, même s’il ne m’en a jamais rien dit.

- Tu m’intrigues, CK ! Tu ne vas quand même pas me dire que tu es un tueur en série, ou quelque chose dans ce goût-là ?

- Non, Jim. Mais promets-moi ta discrétion…

- Bien sûr, CK.

- Bien… tu te souviens des Nouveaux Kryptonniens ?

- Tu parles ! Comment oublier ces clowns sanguinaires !

- Tu te rappelles qu’ils avaient la faculté de communiquer pas télépathie ? C’est pour cela, je crois, que je suis si sûr que Lois n’est pas morte. Je sens sa présence dans mon esprit, ainsi que, maintenant, celle de notre enfant. C’est un garçon. Et c’est lui qui a envoyé ces messages. Ils m’appellent au secours, Jim !

- Quoi ? Tu veux dire qu’elle et toi avez appris auprès de ces zozos comment communiquer télépathiquement ? Cool ! Mais tu aurais pu m’apprendre aussi !

- Non, Jimmy. Ce que je veux te dire, c’est que si je sens sa présence, c’est que je suis kryptonnien. Mais comme elle ne l’est pas, je suppose que cela explique qu’on ne puisse pas réellement communiquer plus que par des rêves ou des sensations.

- Comment ça, tu es kryptonnien… Oh mon dieu ! Tu ne veux pas dire que tu es…lui ?

- Si, Jimmy. C’est bien moi Superman, lui confirma Clark en enlevant brièvement ses lunettes.

- Il faut que je m’assoie… Quand je pense à toutes les fois où…

- Ah non ! tu ne vas pas me faire le coup de Lois qui me reprochait encore des années après tous les mensonges et les stupides excuses que j’ai pu inventer. D’ailleurs, je reconnais volontiers que je ne suis pas doué à ce petit jeu…

- Ca, tu peux le dire. Un coup de main ne te fera pas de mal, le coupa Jimmy en pouffant soudainement de rire.

- Merci de comprendre, Jimmy, sourit Clark, soulagé de voir que son ami encaissait le coup aussi bien.

- De rien… Mais je vais avoir besoin de quelques éclaircissements de temps à autre… Et puis, si tout cela signifie vraiment que Lois est en vie, ça vaut bien un petit choc !

- Ca me paraît juste.

Les deux amis se turent un instant, chacun procédant à sa façon les nouvelles qui venaient respectivement de leur être annoncées. Soudain Jimmy s’exclama :

- Mais pourquoi Luthor ?

- C’est une bonne question. A vrai dire, je n’ai aucune certitude. Mais ça me paraît logique. Tu vois, nous avons été aux prises avec beaucoup de vilains, mais la plupart n’avaient qu’un but, nous tuer. Or Lois est en vie, ce qui n’a pas de sens. Le seul qui voulait Lois non pour la tuer, mais pour la posséder était Luthor.

- Effectivement, ton raisonnement se tient.

- Or, s’il la retient quelque part, c’est forcément dans un endroit à l’épreuve de Superman. Il sait, pour moi, et il sait donc que je ferai n’importe quoi pour récupérer Lois. Il doit avoir de quoi empêcher Lois de lui nuire. Sans doute quelque chose qui a trait à notre enfant. Sinon, elle aurait tenté de fuir.

- Tu as raison. D’où la recherche de propriété. Bon, si le mail que tu as reçu venait des Alpes françaises, alors autant commencer par là.

- Bien vu, Jim.

- Que se passe-t-il, là dedans ! les interrompit soudain la voix de stentor de Perry.

- Rien, chef. Brainstorming en équipe ! On arrive !

Les deux conspirateurs se sourirent et sortirent de la salle pour se trouver nez à nez avec leur chef.

- Un scoop à l’horizon ? s’enquit ce dernier.

- Je l’espère, chef, lui répondit Clark.

- Vous voulez m’en parler ?

- Euh… c’est à dire que c’est encore vague. Laissez-nous quelques jours…

- Bon, bon… Mais n’oubliez pas pour autant vos assignements ! C’est que je dois faire sortir un journal, moi !

- Pas de problème, Perry.

Tandis que le chef disparaissait dans son bureau en grommelant, Jimmy se précipita sur son ordinateur, pendant que Clark s’échappait par l’escalier pour s’occuper d’un carambolage qui venait d’avoir lieu sur une voie rapide. En le voyant s’éclipser, Jimmy cligna de l’œil en lui murmurant de rapporter une exclusive. Clark dressa le pouce dans sa direction pour lui signifier qu’il avait entendu.

Le carambolage eut plus de conséquences qu’il ne l’avait prévu, et il fut longuement sollicité par les secours, d’abord pour éloigner tout risque d’incendie avec son super souffle, puis pour désincarcérer et transporter les victimes les plus touchées vers les hôpitaux de la région. Ce n’est que deux heures plus tard qu’il pût regagner la salle de rédaction. C’est un Jimmy complètement surexcité qu’il vit se précipiter à sa rencontre dès que s’ouvirent les portes de l’ascenseur.

- CK, salle de conférence, tout de suite !

Clark se rua à sa suite et referma la porte de la pièce.

- Près de Chamonix, CK ! Une vraie forteresse ! Possédée par la famille Luthor depuis des générations. ET… voilà le meilleur… après avoir été inhabitée pendant des années, entièrement rénovée par une filiale obscure de Luthocorp voilà un peu plus de cinq ans !

Clark se laissa tomber sur une chaise, incapable de prononcer une parole. Il savait où était Lois !

TBC


Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ...