Okay,

this fic is a Pre Pilot one. Yup, my muse finally quicked in <g>.

As you may have noticed, it's in french but the title is voluntarily 'frenglishized'.

I'm not necessarily awaiting fedback on this, but I must admit, that would definitely be a plus.. in either language smile .

Bonne lecture,

Carole smile1


AIRPORT
par Cyad

***
A celui à qui j’ai rendu le nom.

Le matin, je ne mange pas, je pense à toi.
Le midi, je ne mange pas, je pense à toi.
Le soir, je ne mange pas, je pense à toi.
La nuit, je ne dors pas… j’ai faim !

***

Me voilà, en train de couvrir le dernier évènement à la mode, celui où il faut se faire voir et où se presse le gratin de la jet-set mondiale, celui qui met New-Troy en effervescence un fois l’an… c’est peu dire pour une ville dont le deuxième prénom pourrait-être « Frénétique ».

- Que fais donc Lois Lane dans le monde surfait, superficiel et, sommes toutes éphémère de la mode, me direz-vous ?

- Elle enquête sur le dernier scandale politique-financier de ces vingt dernières années.

Non, en vérité je laisserais volontiers ces mondanités et soirées pince-fesses à Cat. Bon, d’accord, j’ai interviewé en un jour plus de P-D.g, directeurs marketing et stars du show-biz pour être dégoûtée des interviews jusqu’à la fin de mes jours.

Mais la raison de ma présence ici, celle pour qui j’ai assiégé le bureau de Perry en le suppliant (oui, vous avez bien lu !) de me laisser remplacer Cat sur ce reportage en lui faisant miroiter une première page au parfum de scoop à reléguer les exploits économiques et philanthropiques de Lex Luthor à la rubrique des chiens écrasés… cette raison là est ailleurs.

Actuellement, la seule question qui m’importe autant qu’elle m’obsède, me poussant à faire des choses aussi pathétiques que ce que je viens de décrire plus haut, tient en trois mots :

« Où est-il ? »

Ou plutôt en un seul : lui.

Je sais qu’il couvre aussi l’événement et que j’ai une chance sur un milliard de le retrouver dans cette marée humaine, mais c’est plus fort que moi, il fallait que j’essaye… Pathétique, je vous dis !

Je vous entends d’ici :

« Où est qui ? Et c’est qui, lui ? »

Et là je sens qu’il va falloir que je me lance dans de longues et, à mon goût, vaines explications concernant ma vie privée qu’en temps normal je préfère garder… privée, justement !

Mais il faut croire que je m’attendris, que j’ai perdu de mon mordant. Et tout ça, c’est de sa faute à lui. Si !

Je vous semble injuste ?

Je suis juste amoureuse.

Amoureuse de lui. Je l’ai rencontré lors d’un week-end en Amérique Latine.

Je vois à votre moue dubitative que vous ne me croyez pas.

D’accord, il s’agissait d’un week-end professionnel. Je n’étais donc pas là pour jouer les touristes mais, comme je l’ai fait remarquer à Lucy, j’ai aussi une vie privée. Privée de tout sur le plan émotionnel certes, mais privée tout de même… Ce qui est toujours mieux que de changer de petit copain plus vite que Lucky Luke ne tire sur son ombre.

D’un autre côté, comme ma vie privée se résume à écrire des articles et enquêter sur ce que la société compte de plus abjecte, horrible, criminel bref, inimaginable, même pas en cauchemar, ma règle numéro 1 (ne jamais mélanger travail et plaisir) devient caduque… ce qui n’est pas pour me déplaire, vu que « lui » est aussi journaliste.

En fait, j’enquêtais sur une sombre histoire de corruption de fonctionnaires au Mexique, orchestrée par un holding du nom de Mex Corp. Pour les détails, je vous conseille le Daily Planet daté d’hier. Mais, pour en revenir à « lui », tout a commencé à l’aéroport international de Mexico City.

Je suis arrivée très en avance sur l’horaire de décollage prévu. Cela m’évite le stress du taxi coincé dans les embouteillages, celui des queues interminables à l’enregistrement des bagages ou encore, celui du vol annulé à la dernière minute qui engendre automatiquement une course au siège vacant sur le vol d’une compagnie concurrente apte à m’emmener sans encombre à destination finale, elle !

Cela me laisse aussi, chose rare, le temps de souffler et de faire une pause shopping… pause qui se résume à dévaliser le kiosque presse le plus proche en Metropolis Star, Gazette, Financial Times et Daily Planet. Que voulez-vous, journaliste un jour, journaliste toujours.

Et puis, il y a ce petit côté magique des aéroports. Une atmosphère qui vous laisse comme hors du temps, hors du monde, bien à l’abri dans une bulle d’excitation, de rêves, d’espérance, d’attentes aussi. Attentes liées le plus souvent à l’anticipation d’être déjà « là-bas », d’avoir atterrit alors que votre avion vient juste de se garer sur le tarmac.

***

Mais je papotte et j’en oublie l’essentiel : lui.

Je ne m’attendais pas à cette rencontre. C’est comme s’il était apparu de nulle part. Le temps de me retourner pour vérifier le numéro de ma porte d’embarquement et « hop ! », me voilà nez à nez avec cet inconnu qui, apparemment, avait décidé d’en faire autant.

Nous avons engagé la conversation via un échange standard de banalités, en nous dirigeant vers la salle d’embarquement. Visiblement, nous étions sur le même vol et, comme je suis toujours nerveuse à l’idée de prendre l’avion, je me suis dit qu’un peu de compagnie, même momentanée, me permettrait de tuer le temps tout en m’empêchant de ruminer mes obsessions aéro-sécuritaires.

Chose curieuse, plus l’horloge digitale de la salle égrenait les minutes, plus il semblait nerveux.

L’écouter parler m’apaisait.

L’appel du stewart nous invitant à embarquer le fit carrément sursauter. Stress communicatif ou non, je tremblait comme une feuille.

- C’est la première fois que vous prenez l’avion ? Lui ai-je demandé.

- Euh… on peut dire ça comme ça, oui.

Réponse trop énigmatique pour que je m’en satisfasse. C’est plus fort que moi, je ne peux pas totalement laisser ma tenue de reporter au vestiaire, même dans les instants les plus anodins de la vie quotidienne.

-Moi aussi, je suis toujours très angoissée à l’idée de prendre l’avion. J’ai beau me raisonner et me répéter que c’est le moyen de transport le plus sûr et le plus rapide pour rallier une destination, je suis mal à l’aise à l’idée d….

- D’être confiné dans une boîte de conserve volante qui, en cas de danger, ne vous laisse que peu d’alternatives, finit-il.

- Oui. Mais c’est surtout qu’en général, j’aime sentir que je suis aux commandes de ma vie, que je suis seule maîtresse de mon destin, et là…

- Ce n’est pas du tout le cas, pas vrai ?

- Non, admis-je dans un murmure.

***

- Puis-je voir votre passeport et votre carte d’embarquement s’il vous plaît ?

La voix de l’hôtesse de l’air rompit de façon abrupte le silence et, accessoirement, le cours de ma rêverie.

- Oh ! Oui, bien sûr.

- Merci. Bienvenue à bord et bon voyage, me répondit-t-elle après un rapide coup d’œil aux documents que je lui tendis.

- Bon voyage, répondis-je à l’intention de Mr Magique.

Imaginez ma surprise cinq minutes plus tard, lorsque je m’aperçus que nous étions voisins de vol !

-Cela vous embête si je prends le siège couloir ?

Sa question s’accompagnait du sourire le plus éclatant que je n’ai jamais vu. Retrouvant mes mots avec peine (l’effet « sourire 100 000 volts »), j’articulai :

- Euh, non. À vrai dire, je préfère le hublot. Je me sens moins enfermée si je peux voir la terre en dessous. Mon côté claustro, sans doute.

Désireuse de ramener la conversation sur un terrain moins personnel, j’enchaînais :

- Vous êtes sûr que vous ne préférez pas le côté fenêtre ? Cela vous aiderait sans doute à surmonter votre peur de voler ?

- J’adore voler mais pas… pas sur un vol commercial, conclut-il, soudain mal à l’aise.

L’avion se trouvait maintenant parfaitement aligné sur la piste, attendant le feu vert de la tour de contrôle, les moteurs rugissant à plein, prêt au décollage.

- Vous pilotez ? Je veux dire, voler est votre passion ?

- Touché !

- Je vous envie.

- Vous aimez voler ?

- Oui. Tout semble si beau vu d’en haut. Cela me procure une sensation de…

- … Liberté, de plénitude.

- Oui. Vous finissez toujours les phrases de vos voisines de vol ? plaisantais-je alors que l’avion décollait, prenant rapidement de l’altitude.

Devant son absence prolongée de réponse, je lui jetais un regard en coin. Il était livide et je n’avais encore jamais vu un accoudoir martyrisé à ce point. Le pauvre objet sait maintenant ce qu’être « déformé par la peur » veut dire.

- Eh, monsieur…

Un galimatias linguistique étouffé me parvint :

- Kalrkent.

- Pardon ?

- Clark, je m’appelle Clark Kent.

- Clark, dis-je en emprisonnant sa main droite dans la mienne, tout va bien se passer, vous n’avez aucune raison de paniquer. Ecoutez-moi, c’est une claustrophobe patentée qui vous parle, Met Airlines est l’une des meilleures compagnies internationales et ses pilotes sont les plus chevronnés qui soit.

- Mouais, répondit-il, peu convaincu.

- Ce sont les meilleurs au monde, ils peuvent piloter et poser un avion par tous les temps. Ils sont même entraînés pour faire face aux pires situations.

- Comment vous savez tout ça, vous ?

- Je le sais, c’est tout.

- À d’autres. Alors ?

- C’est un interrogatoire ou j’ai droit à un traitement de faveur ?

- Désolé. Mais ça m’aide à me concentrer sur autre chose que mon aérophobie.

- Oh. En fait, j’ai enquêté sur la société avant de réserver mon billet, admis-je.

- Quoi ?! Vous êtes flic ?

- Non, journaliste. Et vous ?

- Moi aussi.

- Qu’est-ce que vous faisiez à Mexico ?

- Je pourrais vous retourner la question.

- D’accord. Alors, qu’est-ce qui vous amènes à Metropolis ?

- Je rentre chez moi.

- Ça j’en doute. Je connais tous les journalistes de New Troy, et jusqu’à preuve du contraire, vous n’en faites pas partie. En plus, ne le prenez pas mal, hein ? Mais vous avez plutôt l’air d’un petit gars de la campagne que d’un citadin aguerri.

- Encore gagné. Mais avant de vous répondre, j’aimerais connaître votre nom.

J’hésitais un moment. La seule trace de Louise Lassiter, nom d’emprunt sous lequel j’avais rallié Mexico, consistait en un badge magnétique offrant un accès quasi illimité aux usines Mex Corp de Cancun et Puerto Valarta. Je pris une légère inspiration et le regardais droit dans les yeux. Erreur fatale. Je me suis retrouvée littéralement happée par deux océans chocolatés dans lesquels je me suis noyée.

Je sais ce que vous allez me dire :

- Lois enfin, un peu de tenue, tu n’es quand même pas désespérée à ce point !

Vous avez déjà essayé de résister à du chocolat, vous ? Ma réponse sonna comme une capitulation :

- Lois Lane.

***

Mesdames et messieurs, votre attention s’il vous plaît. Nous amorçons actuellement notre descente sur l’aéroport international de Metropolis. Merci de regagner vos places d’attacher vos ceintures.

- Alors ? J’attends !

- Je vous demande pardon ?

C’est vrai, quoi ! j’ai mater plus d’un ministre, président et homme d’affaires véreux pour ne pas me laisser amadouer pas les yeux du premier venu… Aïe, aïe, aïe ! Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’il me décoche ce petit sourire amusé, dénué de moquerie mais totalement craquant.

Du cran Lois, trois grandes inspirations et…

- La réponse à ma question, maintenant que vous connaissez mon nom. Qu’est-ce que vous venez faire de beau à Metropolis ?

- J’ai rendez-vous dans une semaine au Daily Planet, pour un entretien d’embauche.

Du pied, je poussais discrètement ma sacoche sous le siège de devant. La dernière édition du Planet en dépassait et l’un de mes papiers faisait, comme d’habitude, la une.

- Le Daily Planet, vraiment ? C’est le meilleur quotidien de New-Troy ! Vous devez être une sacrée pointure, quelle est votre spécialité ? Fis-je, feignant l’incrédulité.

Une de mes copines m’avait dit que l’on pouvait tout obtenir d’un homme par la flatterie, surtout si l’on jouait l’écervelée. Maintenant que j’y pense, tout ce que Marina avait réussi à obtenir d’un homme c’était un bouquet de roses après une nuit torride et sans lendemain. La réponse tarda un peu.

- Le journalisme d’investigation.

Le choc me projeta vers l’avant et un bruit assourdissant se fit entendre. Nous venions d’atterrir et le 767 se dirigeait vers son parking.

Je me tournais vers Clark : sa mâchoire était prise de tremblements nerveux et l’accoudoir droit de son siège accusait encore un round de déformation. On aurait dit une compression de César.

***

- Personne ne vous attend ? Vous logez à l’hôtel ?

Nous venions de gagner la sortie, vers la zone des taxis après avoir de récupérer nos valises sur le carrousel des bagages.

- Non. Je vais rejoindre mes parents. Il y a longtemps que je ne les ai pas vu.

- Oh. Fis-je en me dirigeant vers le taxi le plus proche. Dans ce cas, au plaisir de vous revoir.

Il me choco…euh… m’observa un moment avant de répondre, comme pris d’une inspiration soudaine :

- Je serais à la réception que donne l’ambassadeur de Thaïlande à l’occasion des festivités du nouvel an chinois. Cela…

- Clôture en général la saison des défilés haute couture.

- Vous terminez mes phrases maintenant ? Remarqua-t-il d’un air amusé.

Je me sentis rougir jusqu’à la racine des cheveux.

- Pourquoi un journaliste d’investigation, en passe d’intégrer l’un des plus prestigieux quotidiens nationaux, irait-il perdre son temps en mondanités de ce genre ?

- Toujours des questions.

- Toujours évasif.

- Il faut parfois laisser aux gens leur part de mystère.

- Percer le mystère, c’est mon métier. À bientôt alors, dis-je en m’engouffrant dans le taxi.

- Sans doute.

- Et bonne chance pour votre entretien, ajoutais-je en claquant ma portière.

La perspective de retrouver mon appartement de Carter Avenue, aussi vide et froid que mon frigo, me paru tout à coup moins pesante.

***

Me voilà donc, en train de couvrir le dernier évènement à la mode, en train de le chercher des yeux, en vain.

C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin de 120 000 mètres carrés et ce, parmi 600 000 autres. Ce qu’il me faudrait c’est un aimant hyper puissant, et ultra sélectif.

Tout me le rappelle : une voix, une démarche, une cravate. J’ai même envisagé la télépathie. Souvent, le soir quand je retrouve mon appartement, je me surprends à murmurer son nom. Cela me rassure et me redonne espoir en la gent masculine, ce qui est une véritable gageure en soi.

La nuit, lorsque j’ai du mal à trouver le sommeil, je me fais des scénarii de rêves encore plus sirupeux que le dernier épisode d’Ivory Tower, encore plus roses qu’une robe ou un roman de Barbara Cartland (je vous mets au défi de tenir plus de dix pages).

Je me vois enquêtant avec lui et démantelant le plus gros réseau de crime organisé de Metropolis ou d’ailleurs, je nous imagine faisant la une du Daily Planet : « (…) de nos envoyés spéciaux Lane et Kent ». J’anticipe notre nomination aux Kerths voire au Pulitzer. Enfin, je nous vois hanter la salle de rédaction du Daily Planet jusqu’à pas d’heure en nous délectant de plats chinois. Mais surtout, je rêve du moment ou les masques tomberaient, où il m’enlacerait et où, son visage s’approchant du mien, il me… taperait doucement sur l’épaule ?!

Tap, tap, tap !

Où il me taperait sur l’épaule avec insistance ?

- Lois.

Où il me taperait sur l’épaule avec insistance et répèterait mon nom comme on apprécie un bon vin.

- Lois.

J’adore la façon dont il prononce mon prénom, comme s’il s’en délectait.

- Lois !

Bon, là il y a un truc qui cloche. Normalement, à ce stade de ma rêverie, nous sommes plutôt en train de… ça ne vous regarde pas. Enfin bref, je prend soudain conscience que je suis sûrement en train de rêver éveillée.

- Arrêtez de me taper sur l’épaule Clark, je ne suis pas sourde, dis-je en me retournant. Clark ?!!

Mr Magique se tient devant moi en chair et en os (enfin, je crois).

- Désolé, mais vous aviez l’air perdue dans vos pensées.

- Euh, je… ça alors, ce n’est pas un rêve, vous êtes bien là (Oops ! terrain glissant). Toujours fan des cocktails mondains ?

- Plus encore depuis quelques minutes.

Là, je dois être carrément pivoine.

- Comment s’est passé votre entretien au Daily Planet ?

Son regard s’assombrit avant de prendre une lueur chocolat amer des plus ironiques.

- Apparemment, le pôle investigation est déjà complet. A moins que Mr White persuade son reporter vedette d’apprendre à un petit nouveau comme moi, les ficelles du métier. D’après ce que je me suis laissé dire, ce n’est pas demain la veille. Lois Lane travaille plutôt en solo.

« Pas mal, pour un petit bleu », pensait-je.

- Elle pourrait changer d’avis.

- Vous croyez ?

Je soutînt son regard.

-J’en suis sûre.


FIN